Communication

Comment ne pas démissionner : les trois erreurs de Halima Gadji

Fati Hassane est fonctionnaire internationale pour l’Union Africaine, à l’agence du NEPAD. Elle y supervise les équipes travaillant sur les questions de capital humain (Santé, Nutrition, Genre, Éducation, Jeunesse, Formation, Emploi). Vous pouvez la retrouver sur ses comptes Twitter, LinkedIn, ou sur son blog Medium.

Cet article a initialement été publié ici. Il a été reproduit avec la permission de l’auteur.


La vidéo publiée par Halima Gadji alias Mareme MDHM me donne l’occasion d’évoquer avec les plus jeunes la question délicate de la démission et plus généralement de la fin de contrat avec un employeur.
Commençons par dire qu’il ne s’agit pas d’une attaque contre la personne de Halima Gadji qui reste une artiste talentueuse et courageuse. Je souhaite simplement utiliser ce cas d’école pour clarifier certaines choses qui me paraissent importantes lorsqu’une salariée se sépare de son employeur.
Soulignons également que de ce que j’ai lu et entendu de l’affaire qui oppose Marodi Productions et Halima Gadji, le départ de cette dernière de la série télévisée semble tout à fait raisonnable et justifié. Mais par rapport à la vidéo qu’elle a publiée, ça n’a malheureusement pas d’importance, et ce pour trois raisons.
Voyons ces raisons pour vous éviter de commettre les mêmes erreurs.


Première erreur : mal définir le cadre


Halima Gadji évoque le manque de respect de Marodi Production qui n’aurait ni fait parvenir le script à temps, ni respecté le calendrier de l’actrice, ni fait parvenir une description de la trajectoire du personnage de Marème Dial. Dans tous les cas, il y a deux cas :

Soit ce sont des conditions définies au contrat qui la lie à la production et dans ce cas, le différend devrait se régler en médiation ou devant les juridictions compétentes. Le cadre choisi pour exposer ces griefs (une vidéo postée sur YouTube) est malvenu.

Soit ces conditions n’ont pas été définies au contrat donc c’est en commençant la collaboration que Halima Gadji n’a pas correctement défini le cadre. Les griefs de l’actrice peuvent s’entendre, mais à regarder les choses du point de vue de la production, avec tous les paramètres qu’elle doit gérer, on ne peut pas s’attendre qu’elle s’astreigne spontanément à inclure les contraintes d’une de ses actrices.
Même si ce n’est pas aussi facile à faire qu’à dire, il aurait mieux valu que Halima Gadji se renseigne avant de signer le contrat sur les usages de la profession, qu’elle insiste pour inclure les clauses pertinentes, et qu’elle fasse référence au contrat et uniquement au contrat dans toutes les discussions avec son employeur.

Deuxième erreur : brûler les ponts


Aujourd’hui Halima Gadji a trouvé des opportunités qui lui permettent de se passer de Marodi Production, et c’est très bien. Je lui souhaite sincèrement le meilleur et j’ai hâte de la voir dans d’autres rôles. En revanche, si elle en est arrivée à tourner cette vidéo, c’est que certaines choses ont probablement été dites entre son ex-employeur et elle, qui rendent très difficile toute future collaboration. Et le fait qu’elle lève le voile sur la dégradation de leur relation ne pourra en aucun cas lui servir auprès des décideurs. Quelle que soit sa popularité auprès des fans, tous ses projets se feront grâce à des personnes ou des institutions qui auront à choisir entre elle et d’autres actrices, et qui devront risquer leur argent. Il est regrettable de publiquement s’illustrer comme une personne capable de tels coups d’éclat.
Il n’y a rien de mal à rompre un contrat dans les conditions prévues. Mais sachez partir en préservant un minimum les relations et les apparences. Mettez toute l’histoire derrière vous et passez à autre chose. Vous ne savez pas ce que l’avenir vous réserve.


Troisième erreur : exposer ses traumatismes personnels dans une affaire professionnelle


La partie de la vidéo où elle évoque son enfance était évidemment très touchante. Je n’y aurais trouvé rien à redire si cela avait été publié dans d’autres circonstances. Mais alors qu’elle parle de son différend avec son ex-employeur, il n’est absolument pas opportun de faire jouer son histoire personnelle.
N’oubliez pas que vous êtes presque toujours un individu face à une institution. Si en tant qu’employée vous vous retrouvez dans une situation qui vous oppose à votre employeur, il ne faut jamais au grand jamais jouer sur l’émotion en exposant vos problèmes personnels passés ou présents. Non seulement cela vous met dans une position de vulnérabilité dans laquelle l’employeur en tant qu’institution ne se mettra jamais, cela provoquera très rarement son empathie ou sa compréhension. Tenez-vous-en aux faits, aux manquements relatifs à votre contrat ou aux violations des règlements de votre organisation ou du Code du travail.
Encore une fois il n’y a aucun mal à rompre ou à refuser de renouveler un contrat qui ne vous arrange pas. Mais sachons rester professionnelles, en gardant en tête que la carrière se gère sur le long terme avec une grande quantité de paramètres qui échappent à notre contrôle.

Fati Hassane


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