Structurez votre réseau (II)
Je me suis décidé à publier la suite de mon article sur "comment structurer son réseau professionnel". Si vos ambitions se bornent au salariat, inutile de le lire, vous perdriez votre temps. Il s'adresse à des individus souhaitant réussir dans leur domaine de prédilection ; réussir, sur ce blog, signifie s'épanouir dans son domaine de prédilection en étant au service du plus grand bien. Quoi que cela puisse vouloir dire pour vous. Place à la suite de la théorie des cercles concentriques.
II. Le cercle secondaire
Le cercle secondaire est secondaire pour une raison : il est excentré. C’est-à-dire qu’il ne fait pas partie de votre socle, contrairement au cercle primaire. Rappelez-vous : votre cercle primaire est composé de votre noyau (votre femme -un titre qui n’a rien à voir avec le genre, mais tout à voir avec le rôle que joue cette personne auprès de vous), et de vos collaborateurs les plus proches -les membres de votre personal team. Ces personnes sont celles que vous pouvez solliciter à toute heure du jour et de la nuit, elles seront toujours disponibles et disposées à vous aider, et à vous accompagner dans la réalisation de vos ambitions.
En quoi consiste le cercle secondaire ?
Comme le premier cercle, il est structuré en deux groupes distincts :
- le mastermind
- les ressources
Ces deux ensembles ont des fonctions très différentes.
A) Le mastermind
Un mastermind est, selon George Torok -expert en marketing-,
« un groupe de personnes brutalement honnêtes qui ont la même mentalité et qui s’épaulent mutuellement pour s’aider à grandir ».
Si je préfère celle de Wikipedia, plus pratique, qui le définit comme
« un petit club de personnes talentueuses, ayant une certaine expérience et partageant le même état d’esprit, qui se rencontrent périodiquement pour des sessions de brainstorming/bilan mutuelles ».
je trouve les deux appropriées. J’écrirai un article sur le Mastermind (encore un à écrire ! rires), car c’est un levier très utile pour atteindre ses objectifs. Je vais vous parler ici du mastermind informel (parce qu’il y en a de formels, ce sont les meilleurs). Il est informel parce qu’il est tacite, et peu réglementé. La fréquence des rencontres est variable, et se fait un peu au hasard. Je tiens néanmoins à l’appeler mastermind parce que ce qui est échangé, au cours de ces conversations, ce sont des idées, des tips.
Deux types d’individus -trois parfois- composent votre mastermind informel :
- les gens qui en sont au même stade que vous (vos pairs) ;
- les gens qui ont une certaine expérience dans ce que vous souhaitez accomplir (les « utilisateurs indépendants ») ;
- les gens qui ont du succès dans votre domaine d’intérêt (les experts).
Ce n’est absolument pas la même chose. Les premiers peuvent être un groupe de soutien utile, mais je recommanderai de ne pas passer tout votre temps avec eux. Il y a quelque chose de déprimant à se retrouver face à des gens qui ont les mêmes doutes et se posent les mêmes questions que les vôtres, bien qu’il soit utile, et même enrichissant, d’échanger sur vos expériences respectives. Je dirai que je rencontre le premier groupe une fois tous les deux mois. Ils sont une source d’idées et de nouvelles perspectives -ce que tout le monde devrait être du reste.
La raison pour laquelle la fréquence de nos rencontres n’est pas plus élevée est qu’en général, j’évite de me concentrer sur la théorie ou les idées, pour privilégier la pratique. Il n’y a rien de pire pour se perdre en conjectures que deux personnes qui traversent la même chose, elles ont tendance à mettre en commun joies et malheurs. Je crois fermement que certains échanges doivent être rares pour maintenir leur qualité.
J’appelle le second groupe d’individus « l’annuaire des personnes à harceler ». Avec mesure, bien entendu, mais à harceler quand même. Je m’amuse tout seul en songeant aux quatre individus qui subissent le feu roulant de mes questions. Lorsque j’ai un doute sur une question, ou que je fais face à une situation à laquelle je n’ai pas de solution, je les appelle. Ils me donnent des conseils -que je suis libre d’appliquer ou pas- sur la façon de gérer cela, et éclaircissent les zones d’ombre. N’hésitez pas à les contacter, ils sont là pour cela. Conscients des difficultés qu’il y a à démarrer, ils prêtent volontiers assistance à ceux qui demandent leur aide.
La troisième catégorie est composée de gens « successful », auréolés de réussite. Il s’agit d’experts qui ont fait leurs preuves, et qui n’ont plus rien à prouver. Je n’aborde ce genre d’individu que pour obtenir un retour d’expérience. En général, je les écoute religieusement me raconter leur parcours puis je leur pose des questions ciblées. Je ne leur fais part ni de mes doutes, ni de mes difficultés. Je ne donne rien et prends tout. J’ai peut-être tort, mais c’est ainsi, à vous de décider quelle attitude vous adopterez avec eux, en gardant à l’esprit que ce sont des gens occupés, qui n’ont pas forcément le temps de s’occuper de vous.
A ce stade, il y a quelqu’un dont je dois vous parler. Situé à mi-chemin entre le cercle primaire et le cercle secondaire, il est à la fois disponible et pas intime : il s’agit du mentor.
Le mentor
Certaines personnes se construisent seules, sans son aide. Je pense pour ma part que pour atteindre une certaine dimension de succès, il est nécessaire d’en avoir un (nous ergoterons sur la définition du succès plus tard). Je n’ai pas toujours pensé ainsi. En fait, je m’en passais fort bien jusqu’à il y a quelques mois. Si vous m’aviez posé la question avant ce fameux vendredi soir, je vous aurai dit que l’idée selon laquelle l’on avait besoin d’être guidé de façon particulière par un expert était totalement risible. C’est pour cela que je vous en parle juste après avoir dit que les experts n’ont pas forcément le temps de s’occuper de vous.
Je ne suis pas quelqu’un d’impressionnable. En fait, il en faut énormément pour qu’une personne gagne mon admiration et cela, pour une raison très simple : je ne respecte que ceux qui sont professionnels jusqu’au bout des ongles. Les seules personnes à qui j’accorde mon temps avec plaisir sont des passionnés obsédés par l’idée de s’améliorer quotidiennement, c’est pourquoi j’ai accepté cet homme comme mentor sans rechigner, fait très inhabituel.
Lorsque j’ai pris place à la même table que la sienne, je ne me sentais pas concerné. Je savais qui il était et ce qu’il faisait mais, encore une fois, sa renommée ne m’intéressait pas. J’ai agi comme je le fais d’ordinaire avec ce genre de personne : je lui ai posé des questions sur lui, et je l’ai amené à me parler de son parcours. Rien d’extraordinaire jusque-là. Le déclic s’est produit lorsqu’il m’a demandé ce qui me passionnait. Puisque j’étais là et que j’avais des critiques vis-à-vis de ses poulains, je lui ai fait savoir ce que je pensais de ce qui nous avait réunis ce soir -moi par accident, eux par intention.
La façon dont il a réagi lui a fait gagner mon respect, car je n’ai pas été particulièrement déférent, comme cela semblait être requis. Il n’a pas cherché à se justifier, il m’a juste expliqué ce qu’il en était. Le fait qu’il n’ait pas pris ombrage de mes critiques alors qu’il ne doit pas avoir l’habitude que ses décisions soient remises en cause m’a fait réaliser son humilité. C’est une qualité que je ne m’attendais pas à trouver en lui. Ce qui s’est passé ensuite a déterminé nos rapports. Lorsque je lui ai expliqué le rôle que je comptais jouer dans l’organisation -un rôle mineur, sans prétention, qui ne nécessitait pas d’implication particulière de ma part-, il m’a dit non et m’a clairement expliqué où il me voulait. Je crois que c’est la première fois de ma vie que je me suis retrouvé quelque part sans l’avoir prémédité.
Je dois néanmoins avouer que ce job me plaisait, plus que je ne suis prêt à l’admettre, sans doute. Cela pour une raison : il implique que j’acquiers des compétences très poussées dans un domaine qui me passionne, certes, mais dans lequel j’étais déterminé à rester moyen. Le challenge était cependant trop beau pour que je puisse y résister. Il m’a expliqué que je pouvais commettre des erreurs et à quel point il était vital que je m’exerce assidûment pour en commettre le moins possible au moment critique.
La quarantaine de minutes que j’ai passée en sa compagnie a littéralement changé ma vie. Les conseils qu’il nous a prodigués, le fait qu’il nous ait donné accès à son expérience de façon aussi profonde, sa disponibilité, la simplicité des échanges et leur justesse… Waouh. Je le dis rarement, c’est assez marquant pour le relever. Retenez ceci :
- un mentor est quelqu’un à qui vous avez accès. Je me vois mal avoir besoin de mon mentor et ne pas pouvoir le joindre ;
- vous ne l’appelez pas H 24, 7 j / 7. C’est une relation qualitative, pas quantitative. Vous l’appelez quand tout ce que vous avez essayé auparavant n’a pas marché, vous lui exposez un ou plusieurs problème(s) définit(s), clairement identifié(s), inutile de lui faire perdre son temps, et le vôtre ;
- c’est quelqu’un qui a de l’expérience avec un grand E et du succès dans votre branche d’intérêt. J’aurais dû l’écrire au début, mais ça tombe sous le sens.
B) Les ressources
Je passe pour très utilitariste lorsque j’utilise ce terme, c’est pourtant celui qui convient et, contrairement aux apparences, il n’est pas péjoratif. Le terme exact est celui de personne-ressource. Il s’agit d’une locution canadienne qui fait référence à un expert choisi pour ses connaissances dans un domaine particulier, c’est donc un spécialiste.
Je ne fais pas ce que je fais seul. Au quotidien, j’ai besoin de l’expertise de mes ressources dans des domaines comme le marketing, la finance, la comptabilité, l’informatique (logiciels, développement web – MOA, MOE -), et l’infographisme pour l’essentiel. Des compétences complémentaires aux miennes, donc. Il arrive, à l’occasion, que j’aie besoin de certaines qualifications comme le droit des affaires et la propriété intellectuelle, mais c’est plus rare. Le plus souvent, je me cantonne aux domaines qui touchent les miens (communication, marketing, entrepreneuriat, édition).
Vous vous souvenez de ma personal team ? Deux des éléments qui la constituent font également partie de mes ressources, la distinction n’est pas stricte, mais il faut distinguer quel rôle ils assurent à quel moment. Je m’entoure de cette équipe car, dans le cadre de mon travail, il arrive que les problèmes que je rencontre soient à la confluence de ces compétences. A quelle fréquence y ai-je recours ? Je dirai deux jours par mois, cela dépend de ce que je fais.
Les conseillers
Mes conseillers ont tous plus de 15 ans d’expérience professionnelle. Ce sont des routiers des affaires, des spécialistes de la négociation et de l’entrepreneuriat. Ils travaillent dans les domaines public et privé, et me font bénéficier de leur expérience et de leur réseau. Leur rôle est d’élargir mes perspectives en attirant mon attention sur des considérations sur lesquelles je ne serais pas enclin à me pencher, de tempérer ma fougue et de canaliser mon énergie dans la bonne direction. Je suis libre de les écouter ou pas, bien sûr, mais je les ai choisis pour leur sagesse et leur expertise, il est donc dans mon intérêt de prêter une oreille attentive à ce qu’ils me disent.
Le rôle du(des) conseiller(s) varie suivant votre caractère et vos besoins. Prenons mon cas : je possède énormément d’énergie et je suis têtu, j’ai donc besoin de personnes pondérées et sages, qui savent comment m’amener à considérer les points qu’ils me font remarquer. Je n’ai pas de patience pour l’amateurisme, avéré ou pressenti, et je décide très vite, il va de soi que je ne choisirais que des gens qui possèdent une expérience professionnelle conséquente ; des gens que j’aurais plaisir à écouter et dont je respecte les opinions, que nous soyons d’accord ou pas. Voilà pour le caractère. Concernant le besoin, j’ai une courbe d’apprentissage assez pentue, ce qui signifie que j’absorbe beaucoup d’informations en peu de temps, j’ai donc besoin de personnes capables de les décanter, et de les analyser à l’aune de leur expérience.
Comme le dit l’un de mes mentors, vous n’avez pas vraiment de défauts ou de qualités, ce qui importe est la connaissance que vous avez de vous-même et la façon dont vous utilisez ce savoir.
C) Le fluctuant externe
Ce sont les personnes qui gravitent autour de votre cercle secondaire, ils constituent votre cercle d’influence. Attention, ce ne sont pas des inconnus, ceux-là figurent à l’extérieur de votre réseau. Vous avez discuté avec les gens qui le constituent, vous les connaissez, superficiellement du moins.
Si les individus qui composent les différents cercles peuvent passer de l’un à l’autre suivant l’évolution de vos rapports avec eux, les « sauts » sont contre nature.
Cet article semble très utilitariste et pour cause, il l’est. Il s’agit de vous montrer comment structurer votre environnement professionnel immédiat. Je parle de ceux qui vous entourent, et vous accompagnent tous les jours dans la réalisation de vos objectifs. L’amour ou l’amitié ne sont pas des sujets que nous abordons dans ce blog, il se peut que ces gens soient vos amis, je vois mal comment vous pourriez nouer de telles relations sinon, puisque la confiance et le respect en les compétences et le professionnalisme de l’autre doivent être votre partage.
Ace
J’ai écrit cet article juste après le premier, mais je ne l’ai pas publié, parce qu’il me fallait le digérer. Les éléments que j’y décrivais étaient trop frais pour que je puisse en juger objectivement, un recul était nécessaire. Il est presque resté en l’état, puisque je ne l’ai pas vraiment modifié, je porte juste un autre regard sur les événements relatés.
Ce qui a changé depuis ? J’ai à présent trois mentors, et six conseillers. A l’époque, je n’en avais pas un seul (conseiller), et je n’avais qu’un mentor. Je vous ai fait part de mon expérience, sentez-vous libre de nous partager la vôtre, ou de réagir à mes propos.
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